Je suis heureux de vous proposer la page bio du professeur Fouinard De La Plonge.

 

 

 Aujourd'hui :

LA REPRODUCTION CHEZ LES ANIMAUX  AQUATIQUES

 

 

La reproduction chez les animaux marins ou d’eau douce revêt un nombre de formes aussi variées que surprenantes. On peut schématiquement les classer en trois types :

 

 La reproduction asexuée.

 La reproduction sexuée avec ponte après accouplement d’une énorme quantité d’œufs.

 La reproduction sexuée avec incubation  d’un nombre limité d’œufs.

 

 

                                    LA REPRODUCTION ASEXUEE

           

            Elle se fait par bourgeonnement ou division ; elle présente l’avantage de l’efficacité par rapport à la reproduction sexuée . On la rencontre en général plutôt dans le monde végétal, par exemple chez les algues unicellulaires du phytoplancton par division binaire simple, mais certains plathelminthes comme les planaires sont pourtant capables de scissiparité.

 

Chez  les Bryozoaires, la reproduction asexuée intervient en alternance avec la reproduction sexuée : une forme isolée (l’ancestrule) , dépourvue de glandes sexuelles produit de nombreux bourgeons dont certains zoïdes seront pourvus de glandes sexuelles ; ces bourgeons utiliseront donc la reproduction sexuée pour créer de nouvelles formes isolées et ainsi de suite. Les plongeurs reconnaîtront Sertella septentrionalis (la dentelle de Neptune), Myriopora truncata (le faux corail rouge), ou Pentapora fascialis ( la rose de mer). Un type de reproduction analogue se retrouve chez de nombreuses ascidies et des polychètes à développements coloniaux car il évite la recherche systématique et aléatoire d’un substrat pour la fixation de la colonie ( une génération sur deux). 

 

 

            LA REPRODUCTION SEXUEE

 

Dans l’espèce humaine, les males et les femelles, on connaît…Encore que parfois…Bref !

Sous l’eau, douce ou salée, ça se complique un brin.

Certains animaux conservent le même sexe toute leur vie (requins, raies, plongeurs !)

Mais beaucoup en changent !

 

1 Les mâles, les femelles, et les petit(e)s futé(e)s. 

Le mode de changement de sexe le plus fréquent est la protogynie. Les labres, les anguilles, les mérous naissent femelles, se reproduisent comme telles et changent de sexe pour se reproduire comme mâles. Un des facteurs du changement est la disparition du mâle reproducteur dominant de la colonie.

La protandrie opère la transformation inverse ; chez les poissons clowns ou les saupes de Méditerranée, c’est le mâle qui se transforme en femelle .

Parfois l’hermaphrodisme est double ; chez les serrans par exemple, chaque individu est à la fois mâle et femelle. Idem chez certains cirripèdes (type balanes ou anatifes) . Si , lors d’une plongée, vous apercevez deux flabellines, deux lièvres de mer, ou deux doris tête-bêche, ne les dérangez pas ! Ils se reproduisent ! Dans ce cas, la fécondation est double et croisée comme chez tous les gastéropodes opisthobranches ; mais l’autofécondation est impossible ; (on rigole avec les copains, mais pas tout seul !) Pour les amateurs de bizarreries et de Kama- soutra sous-marin, je signale qu’en outre, ces joyeux lurons ont la corolle de branchies autour de l’anus (vous imaginez les possibilités offertes à certains aventuriers de la zigounette !)

 

La parthénogenèse est rare ; en eau douce, certaines femelles Molly vont séduire des mâles d’espèces différentes et l’émission de leur sperme ne servira qu’à stimuler la production d’œufs de ces femelles ; Ce mode de reproduction aboutit à la formation de clones et la seule possibilité de variation de l’espèce réside dans une éventuelle mutation génétique.

 

2 Le dimorphisme sexuel

            Chez certaines espèces, il est impossible de reconnaître les mâles des femelles à l’œil nu . Essayez donc chez les mulets, les bars ou les castagnoles ! Cela peut même tourner au cauchemar du biologiste chez le congre car, selon S. Weinberg, on n’aurait jamais capturé de congre sexuellement mûr ! Et comme ils ont le bon goût de se reproduire entre 2000 et 4000 m. de profondeur…

            D’autres espèces développent selon leur sexe, une morphologie ou une livrée différentes. Tous les plongeurs ont remarqué cela chez les girelles ou les girelles-paon. Chez le triptérygion  jaune, seul le mâle est jaune à tête noire, la femelle est gris-beige marbré. Les mâles ont généralement des couleurs plus vives et les utilisent pour attirer les femelles.

            Les mâles dominants  des perches–soleil intensifient leurs couleurs et entrent en compétition au moment du frai ; quelques mâles non dominants rusent en imitant la livrée des femelles pour approcher celles-ci et en profitent pour procréer en douce dans le dos des dominants !

 Pour clore ce court exposé sur le dimorphisme sexuel, signalons l’existence du parasitisme sexuel. Chez les baudroies abyssales notamment, le mâle est dix fois plus petit que la femelle et vit accroché sur son dos (cool non ?). Question parasitisme sexuel, arrêtons nous quelques instants sur le cas de Bonellia viridis, notre bonne vieille bonellie de Méditerranée. Ce ver d’une dizaine de centimètres possède une trompe pouvant dépasser le mètre qui lui sert à se nourrir et à trouver un mari ! En effet , lorsque une larve de bonellie tombe sur le fond, elle n’a pas de sexe déterminé ; si elle tombe sur le fond, ce sera une femelle ; si elle tombe sur la trompe d’une femelle, elle se transformera en mâle nain (1 à 2 mm.) sous l’action des hormones de cette trompe ; ce mâle nain est réduit à l’état de seuls testicules, vit sur le corps de la femelle, et ne sert donc qu’à la reproduction (carrément le rêve pour certains !).

 

Bon ! C’est pas le tout d’avoir des mâles et des femelles, il va falloir qu’ils se mettent au boulot. Et ça, ça s’appelle la fécondation. Elle peut être externe ou interne (mais pas demi-pensionnaire, oui, je connais !)

 

3 La fécondation externe

            C’est le cas le plus fréquent pour les espèces benthiques ou planctoniques . Elle consiste en l’émission dans l’eau d’une importante quantité de gamètes mâles qui provoqueront l’émission de gamètes femelles dans certaines conditions, et en l’espoir que le plus grand nombre possible rencontrera les gamètes de sexe opposé pour former des larves.  Pour les espèces benthiques, ce mode de reproduction permet la colonisation de nouveaux substrats. Chez les anémones, la fécondation a lieu dans la cavité gastrique,  les larves sont libérées par la bouche et vont dériver pour se fixer sur un nouveau site. La survie de l’espèce dépend donc du très grand nombre de larves émises car les pertes sont importantes (peu de possibilités géographiques de fixation et prédation).   

 Pour les poissons , cela implique des réunions en masse dans des frayères pour augmenter les chances de réussite et l’émission de très grandes quantités d’œufs : 7 millions pour une morue, 20 millions pour une anguille. Les œufs fécondés donnent des larves souvent très différentes de l’adulte, et devant se nourrir par elles mêmes. Comme pour les espèces benthiques, les chances de survie de l’espèce dépendent du très grand nombre de larves , car les prédateurs se régalent.

Les poissons sédentaires produisent généralement un nombre d’œufs beaucoup moins importants, mais ils compensent cette faiblesse par la protection parentale des petits rejetons.

Essayez d’approcher du nid d’un baliste qui défend sa couvée, et vous comprendrez que malgré la différence de taille entre lui et vous, l’approche sera périlleuse. Idem avec les demoiselles qui défendent farouchement leur territoire. Quand aux poissons papillon, ils vivent en couples monogamiques et se partagent la surveillance du nid pour faire face aux nombreux prédateurs d’œufs. L’hippocampe a résolu le problème en faisant déposer directement les ovules de Madame dans sa poche ventrale grâce à un oviducte ; il peut ensuite les féconder et les protéger plus facilement. En eau douce, chez les cichlidés, les œufs sont incubés dans la bouche des parents, ce qui rend un nid inutile, et les alevins retournent à cette protection en cas de danger.

 

4 La fécondation interne

           

Elle débouche sur l’oviparité, l'ovoviviparité ou la viviparité. La pénétration des gamètes mâles directement dans l’appareil génital femelle augmente les chances de succès  de la fécondation par rapport à la fécondation externe. La fécondation interne est la règle chez les squales. Les pterygopodes ou organes reproducteurs mâles sont doubles, mais un seul est introduit dans le cloaque de la femelle lors de la copulation. En eau douce, les femelles Guppy ont développé un ingénieux système pour assurer la descendance : elles sont capables de stocker le sperme du mâle et de l’utiliser par doses fractionnées à quelques temps d’intervalle pour donner naissance à des frères et sœurs jumeaux d’ages différent !

L’oviparité :

Les roussettes (Scyliorhinus canicula)  pondent des œufs enfermés dans des étuis résistants munis de filaments spiralés ; lors de la ponte, elles rasent le fond et les œufs s’accrochent par leurs filaments aux gorgones, aux coraux, ce qui leur évite de dériver et de se perdre. L’embryon se nourrit du vitellus, puis, à terme , romps son étui et s’en échappe.

L’ovoviviparité :

Les requins-tigres (Galeocerdo cuvieri), les requins-nourrices (Ginglymostoma cirratum) et les makos (Isurus oxyrhincus) voient leurs œufs se développer à l’intérieur de la femelle et y éclore. Le plus souvent, les réserves vitellines sont suffisantes pour assurer le développement de l’embryon, mais chez certains Lamniformes, un embryon va dévorer les œufs non fécondés que la femelle continue de produire, lorsque le vitellus est épuisé. C’est l’oophagie. Certains même, comme le requin-taureau (Carcharias taurus), dévorent leurs frères et sœurs in utero dans un accès de cannibalisme intra-utérin. Une particularité à noter chez le requin-tigre : la paroi de la matrice sécrète un liquide épais et nourricier que les embryons lèchent comme du lait lorsque le vitellus est épuisé. 

La viviparité :

Les requins requiem et les carcharhiniformes ont le mode de gestation le plus proche de celui des mammifères, avec développement d’un sac vitellin placentaire et d’un cordon ombilical. Les petits naissent identiques aux parents, mais ne reçoivent aucun soin de leur part et mènent donc une vie autonome dès leur naissance.

Les requins océaniques (Carcharhinus longimanus) et pointes blanches (Carcharhinus albimarginatus)  donnent naissance de 3 à 20  petits ; les requins peau-bleue (Prionace glauca) de 4 à 135 !!!

 

Bye bye, à plus, peut-être !

Votre dévoué Prof. Fouinard De La Plonge